Accueil A la une UGTT | Amendement de l’article 20 du règlement intérieur : Le congrès à la croisée des chemins

UGTT | Amendement de l’article 20 du règlement intérieur : Le congrès à la croisée des chemins

On dissertera longuement sur la tenue du 25e congrès national de l’Ugtt prévu les 16, 17 et 18 février à Sfax. Mais en attendant que la justice se prononce sur sa tenue, l’on se pose la question suivante : pourquoi les syndicalistes opposés à Taboubi cherchent-ils à déclarer le congrès en question illégal ? En parallèle, les lieutenants du SG font tout leur possible pour désavouer les syndicalistes rebelles et arracher l’aval de Carthage

Le 25e congrès national de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) aura-t-il lieu comme prévu et déjà annoncé les 16, 17 et 18 février à Sfax ou sera-t-il déclaré illégal et ses travaux seront-ils interdits conformément au jugement que devait prononcer, hier, mardi 8 février, la chambre en charge des procédures d’urgence relevant du tribunal de première instance de Tunis, appelée par les syndicalistes opposés à la tenue du congrès des 16, 17 et 18 février à déclarer le congrès exceptionnel non électif tenu en juillet 2021 à Sousse illégal et à suspendre, par l’effet de ce jugement, le congrès de Sfax ?

Pour être plus clair et pour clarifier au maximum les choses aux citoyens qui ne sont pas au parfum de ce qui se passe depuis quelques mois au sein de la centrale syndicale entre les partisans de la réélection de Noureddine Taboubi et de ses principaux lieutenants à un troisième mandat de cinq nouvelles années au sein du bureau exécutif de l’Ugtt conformément à l’amendement de l’article 20 de l’organisation rendu possible lors précisément du congrès exceptionnel non électif tenu en juillet 2021 à Sousse, d’une part, et d’autre part, les syndicalistes opposés à cet amendement, conduits par Mohamed Ali Boughdiri, membre du bureau exécutif de l’Ugtt, chargé du secteur privé et qui a droit, faut-il le préciser, selon le règlement intérieur (dans sa version originale), à un deuxième mandat de cinq années au sein du prochain bureau exécutif, au cas où il s’y porterait candidat, sauf qu’il a déjà annoncé qu’il ne présentera pas sa candidature au bureau exécutif au congrès de Sfax (au cas où il se tiendrait même si les amendements de l’article 20 du règlement intérieur étaient considérées par la justice comme nuls et non avenus).

Mais en quoi consistent pratiquement les désaccords qui opposent les partisans de l’amendement de l’article 20 du règlement intérieur à ceux parmi leurs collègues qui récusent cet amendement, le considèrant comme un acte de violation du règlement intérieur de l’organisation et demandent à la justice de le déclarer illégal ?

Deux mandats successifs pour le S.G. puis s’en va

La réponse est claire et précise : selon l’article 20 du règlement intérieur (avant son amendement lors du congrès exceptionnel non électif de Sousse en juillet dernier), tout membre du bureau exécutif, y compris le secrétaire général élu par le Congrès national en tant que membre du même bureau, a droit uniquement à deux mandats successifs, chacun de cinq ans.

Donc, Noureddine Taboubi, actuel secrétaire général de l’Ugtt, a déjà consommé ses deux mandats successifs de membre du bureau exécutif de l’Ugtt, le premier mandat de 2011 à 2016 en sa qualité de membre du bureau exécutif et le second mandat en 2021 (date à laquelle le 24e congrès national devait avoir lieu mais reporté pour cause de Covid) en sa qualité de secrétaire général choisi par ses camarades de 2016 jusqu’en 2021.

Idem pour plusieurs parmi les membres actuels du bureau exécutif, dont en premier lieu Sami Tahri et Samir Cheffi, les deux S.G. adjoints les plus en vue médiatiquement soutenant l’amendement de l’article 20 qui leur permettra, désormais, de briguer un troisième ou un quatrième mandat successif de membre du bureau exécutif et aussi deux mandats successifs de secrétaire général.

En effet, l’amendement en question ne concerne pas uniquement la possibilité d’avoir droit à un troisième mandat successif en tant que membre du bureau exécutif. Il introduit, en réalité, une nouveauté: le SG de l’Ugtt aura droit, à l’avenir, c’est-à-dire à l’occasion du 25e congrès de Sfax, à deux mandats successifs en tant que S.G. En parallèle, le nombre de mandats successifs pour les membres du bureau exécutif (B.E.) est devenu illimité, ce qui veut dire par exemple que Sami Tahri pourrait rester membre du BE pour les 10 ou 15 prochaines années en attendant qu’il accède peut-être au secrétariat général et qu’il pourrait y rester dix ans successifs. Bien sûr au cas où il y serait élu.

La prudence calculée

Reste à savoir maintenant comment les pro-amendement et donc pro-congrès de Sfax font-ils la promotion de ce congrès et cherchent-ils à emporter le soutien des autorités publiques, en premier lieu la présidence de la République et aussi la présidence du gouvernement qui n’ont pas exprimé encore de position sur le désaccord entre les syndicalistes.

Ainsi, l’on pourrait comprendre que la direction de l’Ugtt a choisi le langage de l’apaisement ou de la séduction à l’égard de Carthage dans l’objectif de s’assurer peut-être sa position de neutralité ou précisément son aval à propos de la tenue du 25e congrès controversé.

Et il semble que Sami Tahri et Samir Cheffi se sont partagé la mission d’envoyer à Carthage des messages à même de renforcer la petite éclaircie gouvernement-Ugtt observée à l’occasion de la rencontre tripartite Bouden-Taboubi-Marwane Abbassi.

Samir Cheffi revient au dialogue national exigé par Attayar même sans la participation du Président Kaïs Saïed, comme l’a déclaré textuellement Ghazi Chaouachi, son SG.

Le SG adjoint de l’Ugtt estime qu’il «est inconcevable que le Président Kaïs Saïed soit écarté d’un dialogue national puisqu’il est élu par le peuple et il ne peut être exclu d’un tel dialogue national».

Quant à Sami Tahri, il a préféré jouer la carte de la prudence quant à la position de l’Ugtt à propos de la décision du Chef de l’Etat de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature. Annonçant que le bureau exécutif ne s’est pas encore réuni pour exprimer son avis, il a fait savoir que la commission administrative nationale qui se tiendra demain, jeudi 10 février, et qui planchera sur les préparatifs du congrès de Sfax, «évoquera la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature».

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